Comment anticiper et gérer les catastrophes ?
Gaël Musquet est météorologue, informaticien, et spécialiste de l’anticipation et de la gestion des catastrophes naturelles.
Gaël est un touche-à-tout mais il se définit d'abord comme un « hacker citoyen ». Un hacker de part sa posture de curiosité, de doute et d’ingéniosité nous invite à réfléchir à ce que chacun de nous peut faire de concret pour tenter de résoudre des problèmes. Il s'agit de comprendre comment fonctionne les choses et les systèmes qui nous entourent afin de reprendre un peu de contrôle et de pouvoir sur le cours de choses, et forcément c'est intéressant.
Alors qu’il semble maintenant certain que nous ne pourrons pas échapper à certaines catastrophes, commencer à parler d’anticipation des risques et de résilience me semble de plus en plus important.
ITW enregistrée le 17 mai 2022
De quoi parle-t-on ?
01:00 - Présentation de Gaël Musquet
Formation initiale de météorologue, spécialisé dans la conception et fabrication de capteur météorologique. Il a choisi cette voie après avoir été victime de l’ouragan Hugo en 1989.
02:00 - Qu’est-ce que le risque ? Est-ce que le niveau de risque augmente aujourd’hui ?
Les rapports le disent depuis des dizaines d’années: nous nous dirigeons vers un réchauffement global de la planète, qui va conduire à des évènements extrêmes. Ces derniers ne sont pas forcément plus fréquents, mais ils sont plus violents.
Le monde est rempli aujourd’hui de technologies fragiles, qui nous rendent peu résilients à ces évènements extrêmes.
06:00 - Comment ces risques sont-ils catégorisés et évalués ?
On va définir les risques climatiques, les risques liés à la montée des eaux, les risques géologiques, les risques technologiques (qu’ils soient induits par des risques naturels ou technologiques purs), les risques sociaux, les pandémies et les risques extraterrestres (météorites ou vents solaires).
09:00 - Qui est chargé en France de la prévision et de l’anticipation de ces risques ?
Les deux ministères chargés des risques sont le ministère de l’écologie et le ministère de l’intérieur.
10:30 - Comment gérer l’improbable ?
Deux notions dans les risques: aléas et enjeux
Des risques sont prévisibles car des aléas ont déjà touché un territoire, par exemple un glissement de terrain, un tsunami.
L’enjeux est la présence d’une population, d’une infrastructure potentiellement impactée par un aléa, qui crée un risque.
14:00 - Comment empêcher la sidération et le déni de l’auditoire quand on parle de risques ?
Il faut s’associer avec le monde de la culture, qui, en créant des films, des livres, des jeux vidéos, qui vont rendre ce risque entendable et stimuler les imaginaires des solutions.
15:00 - Le risque d’une pandémie type Covid était connu, pourquoi y étions-nous pourtant si mal préparés ?
La mobilisation internationale a tout de même été très forte, notamment sur le plan des vaccins.
Mais il y avait d’énormes disparités de préparation et de gestion de la crise entre les pays. Par exemple, les pays d’Asie connaissaient mieux ce risque là, et étaient donc mieux préparés.
Il y a encore un grand manque de culture du risque dans les institutions, comme dans la population. Cette culture doit être disséminée dans toutes les couches de la société.
Le pays où la culture du risque est la plus forte est le Japon. Pourtant même avec cette préparation, il peut quand même y avoir de très nombreuses victimes en cas d’aléa important.
25:00 - Qu’est-ce que le cadre d’action de Sendai ?
Il définit les 4 priorités entre 2015 et 2030, qui sont selon Gaël Musquet bien plus pragmatiques que les rapports du Giec ou les COP.
Quatre priorités:
Comprendre les risques de catastrophe.
Renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les gérer.
Investir dans la réduction des risques de catastrophe pour renforcer la résilience.
Améliorer la préparation pour une intervention efficace et reconstruire mieux.
Ces priorités actent que les risques sont déjà là.
31:00 - Comment la structure de gouvernance qui oriente vers le court terme peut être problématique ?
Chaque fois qu’un élu n’aura pas de vision globale pour un territoire, avec tous les acteurs, ces problématiques ne pourront être correctement prises en compte.
Un élu doit distinguer ce qui est urgent et ce qui est important. Ce qui est important sur le long terme, c’est de pouvoir adapter les territoires et les populations aux risques auxquels ils sont soumis. Ce qui ne désengage absolument pas le pouvoir public de gérer ce qui est urgent.
39:00 - Comment définir la résilience ? Comment la définir de l'anti fragilité ou la résistance ?
La résilience est la capacité d’un système à revenir à son état initial après un aléa qu’il puisse se relever après être tombé.
L’anti fragilité est la capacité du système à ne jamais tomber : une centrale nucléaire ne doit jamais être défaillante.
Il faut parfois conjuguer ces deux approches sur un même système.
42:00 - Quelles sont les composantes les plus importantes de la résilience dans une population ?
L’élément le plus important est la mémoire d’un aléa, qu’elle soit liée à sa fréquence de survenue ou alors à la volonté de la population de garder cet aléa en mémoire.
Il faut respecter les besoins fondamentaux de la population : l’accès à l’eau, à la nourriture, aux réseaux de communication.
Il est vital que l'État fasse confiance à la population pour jouer leur propre rôle.
Il faut rendre compréhensible et acceptable le risque à la population.
52:00 - Quels sont les risques liés aux réseaux ? Comment les limiter ?
Le plus souvent lors d’un aléa, qu’il soit climatique, géologique voire même extra terrestre, le premier réseau qui fera défaut sera le réseau électrique.
Quand ce réseau électrique tombe, tous les autres suivront : plus de pompes pour alimenter en eau, plus d'électricité pour alimenter les hôpitaux.
Un réseau de communication a quelques heures d’autonomie après la chute du réseau électrique.
S’il n’y a pas de moyens de communication accessibles, on ne peut pas informer la population durant un aléa.
58:00 - Quel lien entre l’open-source, les communs et la gestion des risques ?
Un commun est une ressource gérée par une communauté, avec une gouvernance.
Les communs numériques (open source, open hardware, open data) sont gérés de manière communautaire.
Ces communautés permettent de savoir sur qui nous pouvons compter lors des aléas. En effet, elles peuvent aider à maintenir et utiliser les réseaux lors des catastrophes.
01:08:00 - Qu’est ce que le hacking et sa philosophie ?
“Le hacker est le système immunitaire d’internet”
“Le hacker est celui qui doute”
Un hacker n’est pas forcément malveillant, il peut au contraire être éthique, afin d’améliorer la sécurité ou la résilience des systèmes.
Le hacker peut permettre, en temps de paix, de préparer à la résilience des systèmes.
01:13:00 - Des recommandations d’ouvrage pour mieux comprendre les risques en tant qu’individu
Les bandes dessinées: Renaissance et Travis
À la télévision: le Dessous des Cartes
En papier : le magazine So Good
Lire le document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM) de votre commune
Un grand merci à Adam Celier, auditeur et membre de la communauté Sismique, pour la rédaction de ces notes !!
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