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Puisque nous sommes amenés à entendre de plus en plus parler du sujet, je propose ici une synthèse de ce qui se dit et de ce que l’on sait sur la problématique du dérèglement climatique.
Je trouve en effet que la confusion est grande dans les discours médiatiques et politiques actuels, ce qui empêche le débat d’avancer correctement.
La thématique étant très complexe, je suis obligé de faire quelques raccourcis et de ne pas tout traiter, et ne prétendant par ailleurs pas être un expert reconnu, j’invite les lecteurs à creuser les points qui les interrogent et à me faire part de leurs suggestions pour rendre ce texte le plus juste possible (en y ajoutant des références notamment).
Par ailleurs, l’idée étant de simplifier autant que possible, je me concentre volontairement sur certains aspects du problème uniquement, mais le sujet restant complexe, restez concentré. ;)
Le diagnostic
Ce que les experts scientifiques (au travers du GIEC, organisme référent au niveau international) nous disent :
- La planète se réchauffe dans sa globalité. Toutes les régions ne se réchauffent pas de la même manière (selon le type de climat, différence entre mer et terre, accélération au niveau des pôles…) mais en moyenne nous sommes déjà à +1,2°C par rapport aux températures préindustrielles. NB : la dernière fois que la température sur Terre était à ce niveau c’était il y a 125 000 ans (et non il y a 1000 ou 2000 ans comme on l’entend parfois à tort).
- Ce réchauffement est lié au renforcement de l’effet de serre du fait de l’augmentation dans l’atmosphère de la quantité des fameux Gaz à Effet de Serre (GES) provenant des activités humaines (essentiellement du CO2, mais pas que)
- D’après la quantité de GES déjà présente dans l’atmosphère (que l’on connaît de manière certaine) et les émissions de GES à venir (que l’on projette), on est capables d’estimer une fourchette de hausse de température probable. Le GIEC a établi plusieurs scenarii, dits RCP, pour l’horizon 2100 qui vont en gros à ce jour de +1,5°C à +5/7°C. NB : Ces prévisions sont remises à jour régulièrement mais toujours dans le sens d’un réchauffement de plus en plus important.
- Un réchauffement de 1,5°C aura déjà des conséquences énormes sur l’ensemble des écosystèmes vivants et sur les conditions de vie des humains et plus ça se réchauffe, plus c’est grave.
Intuitivement on pourrait penser que quelques degrés de plus ce n’est pas bien grave, mais la réalité est toute autre.
D’une part, comme c’est une moyenne dont on parle, il faut prendre le temps de regarder comment sont amenés à évoluer les climats localement : certaines régions deviennent beaucoup plus sèches, d’autres subissent des pluies torrentielles, des États disparaissent si la mer monte de quelques centimètres de plus, d’autres voient fondre les glaciers dont leur approvisionnement en eau dépend. En France, nous avons une idée assez précise de ce qui est à prévoir (cf rapport du Sénat) et nous sommes bien plus exposés aux risques climatiques que ce qu’on imagine (l'effondrement des rendements agricoles ce n'est pas anodin, et je parle pas juste de la probable disparition du vignoble bordelais... Des exemples ici).
D’autre part, c’est l’ensemble d’un système très complexe qui se trouve déstabilisé avec pour effet de modifier les courants marins, l’acidité des océans, les routes et la puissance des cyclones, l’intensité et la fréquence des pluies…
Depuis la COP21 (Paris – 2015), tous les États se sont mis d’accord sur ce diagnostic, sur le sérieux et l’ampleur des risques, et ont déclaré qu’il était urgent d’agir. Le sujet est (enfin) largement reconnu comme un enjeu majeur du siècle.
Le défi : diminuer les émissions
A Paris, on s’est fixé pour objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C et au pire à 2°C.
Puisque que ce sont les GES qui provoquent ce réchauffement, l’objectif est ainsi de ne pas dépasser un seuil de leur concentration dans l’atmosphère.
Et comme on connaît la quantité de GES déjà émise, on connaît la quantité que l’on peut encore s’autoriser à émettre. Cette quantité s’appelle le « budget carbone », autrement dit, ce qu’on estime pouvoir encore « dépenser » (calculé en Gigatonnes de CO2).
Concrètement, pour espérer rester sous 2°C (puisque beaucoup pensent que la bataille des 1,5°C est déjà perdue), l’humanité doit limiter ses émissions à 650 Gtonnes de CO2 environ entre aujourd’hui et… pour toujours (puisqu’on ne sait pas retirer des GES en grande quantité de l’atmosphère).
Au rythme d’émission actuelle, il ne faudrait que 16 ans pour « dépenser » ce crédit... C’est donc une véritable course contre la montre qui se joue.
Mais comme on ne veut pas avoir à tout arrêter du jour au lendemain (on ne le pourrait pas), l’objectif fixé est de progressivement diminuer les émissions. Concrètement, si l’on veut une descente « douce », cela veut dire diminuer chaque année les émissions mondiales de 5%, dès l’an prochain. Et puisque notre budget ne bouge pas, plus on attend pour amorcer la descente, plus la pente sera rude. C’est ce que montre les schémas suivants.
Où en est-on ?
Chaque pays a présenté un plan de réduction de ses émissions pour participer à l’effort global.
Mais si l’on met tous les plans ensemble, on n’y arrive pas, et on va tout droit vers au moins +2.5°C de température au moins.
Et si on observe ce qui est mis en place concrètement pour le moment (la plupart des plans n’ayant pas été mis en œuvre), on va tout droit vers 3°C de hausse.
Dans les faits, nous sommes donc très loin de l’objectif de réduction (de 5%), et quand bien même on note une stabilisation des émissions (+0,6% en 2019), voire un léger déclin à certains endroits (en UE et aux USA), il faut se rappeler la nature globale du phénomène. C’est là aussi toute la difficulté : quand bien même un pays serait un très bon élève (ce n’est pas le cas de la France) et atteindrait la neutralité carbone, c’est bien la totalité des émissions mondiales qu’il faut prendre en compte.
Comment relever ce défi ? La transition énergétique ?
« Nous allons relever le défi climatique grâce à la transition énergétique, et faire de la croissance verte. »
Voilà, ce qui nous est généralement proposé aujourd’hui par les hommes et femmes politiques (en France, comme ailleurs) :
- On continue de se référer au PIB comme indicateur maître de la mesure du progrès, et on vise donc la croissance économique.
- Grâce à la mise en place des énergies dites « vertes » et à diverses mesures d’optimisation énergétique (je simplifie…), nous allons pouvoir croître, et en même temps, réduire nos émissions.
Pourquoi ce n’est pas si simple ?
Reprenons…
Il nous faut dès demain émettre beaucoup moins de GES (-5% par an) à l’échelle mondiale.
Ces GES « humains » proviennent de différents types de sources, mais pour faire court, ils viennent essentiellement des combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon) que l’on brûle.
Ces fossiles représentent 80% de l’énergie consommée dans le monde par les humains (directement ou transformée en électricité). Le mix énergétique varie selon les pays, mais on reste partout largement dépendants de ces sources pour faire tourner nos sociétés et nos économies.
Le schéma suivant illustre bien cela pour la France:
Émissions de CO 2 en France par secteur et par vecteur énergétique en 2015 (Source : EDF, d'après CITEPA).
La promesse qui nous est faite avec la transition énergétique, c’est de remplacer ces énergies fossiles par autre chose de moins « polluant » afin de diminuer nos émissions de CO2 en absolu (puisque c’est bien cela qu’il faut faire).
Pour ce faire nous avons à notre disposition des énergies de « substitution » moins émettrices (NB : qu’il faut transformer en électricité au préalable) : l’éolien, le solaire, l’hydraulique sont les principales. A celles-ci il faut ajouter le nucléaire qui pour rappel est une source d’énergie non émettrice de GES (ce qui est contre-intuitif pour la plupart des gens).
Ces énergies, en cumulé, comptent aujourd’hui pour environ 5 à 10% du mix énergétique mondial (entre 2 et 4% de plus avec le nucléaire) selon les sources (ici et ici).
Regardons maintenant les prévisions pour l’énergie primaire (c’est-à-dire extraite de la nature) en 2040:
Il en ressort que même en tablant sur une très forte accélération du développement de ces énergies de substitution (ce qui est loin d’être sans problème puisque le terme « propre » et « renouvelables » sont abusifs: mines de métaux rares, impact au sol, défi du stockage, maintenance… Écoutez par exemple Philipphe Bihouix sur le sujet), on constate deux choses :
- Nous serons toujours largement dépendants des énergies fossiles.
- Nous en consommerons toujours plus en absolu.
En fait, il se passe ce qui s’est toujours passé dans l’Histoire : les nouvelles sources d’énergie ne se substituent pas aux anciennes, elles s’additionnent.
Par exemple, à l’échelle mondiale, le pétrole n’a jamais remplacé le charbon; nous n’avons jamais brulé autant de charbon qu’aujourd’hui, et à priori nous ne sommes pas prêts d’arrêter.
Parce que le confort moderne nous le fait oublier, nous avons tendance à largement sous-estimer combien notre civilisation toute entière repose sur ce que certains appellent le « miracle des énergies fossiles » (en particulier le pétrole, qui est au cœur des enjeux géopolitiques des 100 dernières années), et nous comprenons mal ce qu’impliquerait d’avoir à se passer de ces sources d’énergie (comme le schéma le montre de manière évidente pour les transports par exemple)
Rien donc, à l’heure actuelle, ne laisse penser que la transition énergétique puisse être mise en place suffisamment rapidement pour résoudre la problématique du défi climatique à elle seule. Elle permet simplement de favoriser ce qu’on appelle un découplage relatif entre les émissions et la consommation énergétique, c’est à dire émettre un peu moins de CO2 par quantité d’énergie produite.
On est partis (dans l’hypothèse d’une croissance économique continue) pour consommer toujours plus d’énergie et donc pour continuer d’émettre trop de GES, malgré tous les efforts que l’on fera sur les « renouvelables ».
On le comprend, poser le problème du climat, c’est d’abord poser le problème de l’énergie.
Et puisque que l’on ne sait pas à l’échelle mondiale remplacer les énergies fossiles aussi rapidement qu’il faudrait le faire, la question qui se pose est donc comment diminuer la consommation énergétique mondiale ?
Comment relever ce défi ? Réduire la consommation énergétique ?
Un peu d’empirisme…
Depuis 120 ans, les seules années où l’on a pu constater une diminution des émissions mondiales de CO2… sont des années de récession économique :
Pour mieux comprendre pourquoi, je vous propose cet autre schéma qui montre le lien existant entre le PIB (GDP), la consommation énergétique et le CO2 :
C’est LE grand incompris du sujet du climat : faire chuter nos émissions carbones, cela veut dire diminuer la consommation globale d’énergie (puisque nous dépendons des fossiles de fait) ; et consommer moins d’énergie cela veut dire décroitre économiquement (cf équation de Kaya pour creuser la question).
Que ce soit clair, à ce jour, on ne sait pas « découpler » croissance économique et croissance énergétique à l’échelle mondiale. Autrement dit, on ne sait pas faire de la croissance tout en diminuant notre consommation d’énergie (ie : la définition du découplage absolu).
Peut-être y arrivera-t-on un jour, mais s’appuyer sur une telle hypothèse pour établir une stratégie de lutte contre le réchauffement relève d’un optimisme radical (que certains pourront qualifier d’irresponsable) ; c’est ce que nous faisons.
Pour éviter toute confusion, ce qu’on sait faire, c’est optimiser, c’est faire du découplage relatif grâce à la technologie, à de nouveaux processus, en changeant certains comportements (recyclage, circuits courts, économies diverses…) ; on sait moins gaspiller de ressources et d’énergie pour faire la même chose. On va donc pouvoir croitre économiquement en consommant moins d’énergie que par le passé (NB : ce que montre le décalage progressif de la courbe du PIB ci-dessus), ce qui est évidemment positif mais ne règle pas notre problème.
On va pouvoir opposer à cet argument le fait qu’en Europe (UE) on a réussi à faire de la croissance tout en diminuant notre consommation énergétique et nos émissions. Le sujet est loin d’être simple et fait l’objet de nombreux débats, mais je peux en dire 3 choses :
- Il faut noter que l’on compte la production et que l’on exclut la consommation (produite en grande partie à l’extérieur de la zone grâce a de l’énergie) et que donc le train de vie d’une européen requière en réalité beaucoup plus d’énergie qu’il n’y paraît.
- La réduction des émissions est encore loin d’être à la hauteur de l’objectif des 5%.
- L’UE ne représente que 9% des émission mondiales et son modèle économique est difficilement applicable au reste du monde (ça ne veut pas dire évidemment qu’il ne faut pas accélérer les efforts).
Le découplage est un sujet complexe mais essentiel car tant que l’on n’a pas bien compris ce lien fondamental entre l’énergie, les émissions carbones et nos modes de vie, on ne peut pas parler sérieusement du climat (un cours de rattrapage essentiel ici avec J.M Jancovici). Et hélas, nos media et nos politiques et même le GIEC (qui intègre la croissance économique dans ses modèles) ne nous expliquent pas clairement les choses.
Ce qu’il faut retenir ici, c’est que puisque nous ne pouvons pas régler notre problème de dépendance aux énergies fossiles suffisamment rapidement, seule une décroissance économique mondiale (et donc une décroissance énergétique) pourra entraîner une décroissance globale de nos émissions de GES telle qu’elle est ambitionnée.
Et voici a quoi devra ressembler la courbe de la consommation mondiale d’énergie pour adresser concrètement le défi climatique:
Projection de Gail Tverberg’s de la consommation énergétiques pour permettre une réduction de 80% des emissions d’ici 2050
Accepter le vrai défi
Résumons à nouveau : limiter la dérive du réchauffement climatique, cela revient à faire décroitre la taille de l’économie mondiale.
La croissance (du PIB) verte à l’échelle mondiale, on ne sait pas faire
C’est vrai pour un État, c’est vrai pour une entreprise. Une entreprise qui augmente son chiffre d’affaire en montrant un bilan carbone en baisse est une entreprise qui a tout simplement externalisée une partie de son bilan carbone à des fournisseurs ou qui s’arrange avec les chiffres d’une manière ou d’une autre. Cette fameuse neutralité carbone promise par de plus en plus d’entreprises pour 2030 c’est soit du « green washing », soit du découplage partiel (aussi bon soit-il).
Baisser nos émissions de 5% par an, pour un pays comme la France, déjà riche, dont la population croît faiblement, dont la production électrique est déjà largement décarbonée, cela revient à faire des efforts considérables, à changer nos modes de vie en profondeur, bien plus que ce que le discours ambiant veut bien nous laisser croire (voir cet article par exemple).
Cela nécessite de repenser nos modes de production, notre alimentation, nos transports (par exemple peut-on encore prendre l’avion ?)… et bien-sûr d’adresser le problème des inégalités sociales, sachant que beaucoup ne peuvent pas se permettre de réduire leur consommation d’énergie là où d’autres le peuvent largement (NB : plus on est riche, plus on pollue, et si l'on souhaite que certains pays pauvres puissent se développer, il faudrait imaginer encore plus d'effort de la part des pays riches).
En vérité, du fait du Covid-19, nous avons en ce moment une illustration très claire de ce que représente une réduction drastique de nos émissions telle qu’elle serait nécessaire. Il est prévu cette année que nous émettions dans le monde environ 6% de moins que l’an dernier. Sauf qu’il faudrait que nous fassions la même chose l’an prochain (et ainsi de suite sur les 30 prochaines années), et on voit bien ce que cela implique pour l’économie mondiale et notre vie au quotidien (en particulier évidemment pour ceux qui sont en bas de l’échelle qui peuvent difficilement décroitre leur consommation) …
Le défi est donc beaucoup plus important dans les faits que ce que l’on veut bien en dire la plupart du temps. Et je ne parle ici que de la problématique climatique (essentiellement sous l'angle énergétique et en omettant volontairement le sujet de l'agriculture) quand bien même il faut garder en tête l’ensemble des limites planétaires que nous sommes en train de franchir.
Les rustines ne fonctionneront pas. Il s’agit de réduire considérablement notre impact sur le monde, nos « externalités » comme certains les appellent, et c’est une chose qu’aujourd’hui nous ne savons pas faire à grande échelle de manière volontaire, car toute notre civilisation moderne repose sur l’exploitation de ressources qu’il faudrait maintenant et très rapidement cesser d’utiliser. Les implications sont évidemment immenses.
A-t-on vraiment la main ?
Le fait est qu’à l’heure actuelle nous continuons à ne rien changer, ou alors marginalement, localement, sans que cela n’amorce une inversion de la trajectoire mondiale.
De plus en plus nombreux sont ceux qui pensent qu’il est trop tard pour espérer rester sous les 2°C (je ne détaille pas ici les notions essentielles de paradoxe de Jevons, d’inertie climatique, de points de bascules, de boucles de rétroaction… qui peuvent nous laisser penser que nous avons déjà perdu la main) et qu’il est donc maintenant tout aussi urgent de se préparer à des changements profonds qui vont impacter nos vies dans les années à venir (hausse des mers, baisse des rendements agricoles, raréfaction de l’eau, tensions géopolitiques, crises sociales…) ; en plus de lutte pour limiter le réchauffement, on parle ainsi de résilience, de sobriété ou de préparation aux chocs ; et ça se joue à l’échelle globale, d’un pays, d’une organisation, d’une commune et d’un individu.
Les structures de nos sociétés, de nos entreprises, de nos modèles économiques, de nos institutions, des règles du jeu international ou encore certaines de nos croyances les plus profondes, sont autant d’obstacles à la mise en place d’un débat sérieux sur une décroissance économique organisée. Nos politiques sont pour l’essentiel guidées par l’indicateur maître qu’est le PIB, alors même que si l’on y regarde de plus près il n’a plus vraiment de sens (en particulier dans les pays riches) et qu’un débat visant à repenser en profondeur la création de valeur (et sa répartition) devient indispensable. Les propositions sont nombreuses.
Quoi qu’on en dise, certains pensent que nous allons pourtant vers un monde en décroissance, qu’on le veuille ou non, vers une « grande simplification », comme la nomme le professeur Nate Hagens. Et effectivement, penser une croissance infinie dans un monde fini demande beaucoup d’imagination.
Cette année c’est un virus qui nous bouscule, demain ce serait autre chose : éclatement de la bulle de la dette, diminution des ressources en pétrole (NB : nous avons déjà passé le pic pétrolier), changements climatiques déstabilisant les infrastructures économiques (considérés maintenant comme un risque majeur : voir le Global Risks Report du WEF)…
Mais la plupart des décideurs parient sur le fait que la croissance va revenir pour de bon et que nous pourrons profiter de notre monde d’abondance encore quelques années.
Peut-être.
Personne ne sait dire durant combien d’années encore nous pourrons continuer sur la tendance des décennies précédentes.
Mais il faut bien se rendre compte d’une chose pour remettre cette idée en perspective : si l’économie mondiale croit de 3% chaque année, comme l’anticipent les économistes (avant Covid), il ne faudra que 25 ans pour consommer à peu près autant d’énergie et de ressources que l’humanité n’en a consommé depuis l’invention de l’agriculture, il y a 11 000 ans, jusqu'à ce jour …
Je vous laisse voir lequel de ces scenarii de croissance ou de décroissance est le plus crédible.
Et maintenant ?
Le tableau peint ainsi est sombre.
On ne peut hélas pas faire mentir les faits ; et pour autant que l’on puisse les nier, ils se rappellent tôt ou tard toujours à nous. Et c’est avec lucidité qu’il faut poser la question de l’avenir.
Il est certainement trop tard pour éviter un changement radical de notre environnement mais le sujet n’est pas binaire (+2°C c’est bien mieux que +3°C, et chaque effort compte donc), et la question majeure de la transition de modèle de société se pose de manière pressente.
Beaucoup s’en sont déjà emparé et anticipent le fait qu’elle deviendra bientôt centrale, en amenant d’autres :
Comment définir de nouveaux indicateurs de progrès pouvant nous guider plus efficacement ?
Comment mieux repartir les richesses existantes et à venir ?
Quoi faire pour préparer les infrastructures, l’agriculture, les institutions ou les individus au monde qui vient ?
Comment gérer une transition la plus juste et la plus douce possible dans un monde qui se tend ?
Comment maintenir la paix, la sécurité, la cohésion sociale ?
Il ne s’agit pas de prévoir l’effondrement général de notre monde, mais bien de travailler à mettre en place de nouvelles stratégies véritablement adaptées à un contexte qui est en train d’évoluer comme jamais auparavant.
Je m’arrête ici, au constat froid de ce qu’est le défi climatique (et énergétique) tel que je le comprends ; je vous invite évidemment à creuser ces informations et à les contester ou les précise.
Pour ma part, je continue à travers mon podcast d’enquêter sur le fonctionnement de nos systèmes (Terre, société, culture, cerveau…) et leur évolution probable en tentant au mieux de différencier ce qui relève des faits de ce qui tient de l’opinion, en pensant qu’une meilleure appréciation du réel, qu’un début de consensus large, peut nous aider à mieux débattre des projets d’avenir. J’essaie aussi de savoir quoi faire de tout ça à titre personnel, et ce n’est pas simple…
Pour finir, ma conviction du moment est que notre plus grand défi est d’abord de recommencer à mieux écouter, à mieux dialoguer, à sortir de la pensée magique ou simpliste afin d’espérer pouvoir reconstruire une forme de consensus indispensable à l’action collective. J’espère que ce petit article contribuera à apporter un peu plus de clarté. On en a grandement besoin.
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Quelques sites pour aller plus loin:
Et des milliers d'autres si on prend le temps de chercher...