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#Connaissance 05 - De Kant à Einstein : l'explosion des savoirs… et du doute

19e et début 20e siècle : Comment la science et la philosophie ont réinventé notre perception de la réalité ?


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L'épisode 5 couvre les développements majeurs de la pensée épistémologique du 19ème et début du 20ème siècles. Il explore comment cette période a profondément transformé notre compréhension de la connaissance, à travers des révolutions philosophiques, scientifiques et sociales. L'épisode aborde les grands courants de pensée comme l'idéalisme allemand, le positivisme, le pragmatisme, la phénoménologie, ainsi que les avancées en logique et en sciences. Il met en lumière comment ces développements ont influencé non seulement notre conception de la connaissance, mais aussi la société et la culture en général.


  1. Structure

    • Introduction et contexte historique (révolution industrielle, expansion coloniale, nationalisme)

    • Kant et la révolution copernicienne en philosophie

    • Hegel et la dialectique

    • Marx et le matérialisme historique

    • Comte et le positivisme

    • Le pragmatisme américain

    • La phénoménologie

    • Développements en logique et philosophie des mathématiques

    • Révolutions scientifiques (Darwin, Marie Curie, Freud, Einstein)

    • Approches critiques (Marx, Nietzsche)

    • Impact sociétal et culturel

    • Conclusion et transition vers le prochain épisode


  2. Concepts clés introduits ou développés :

    • Formes a priori, dialectique, matérialisme historique, positivisme, pragmatisme, phénoménologie, logique moderne, théorème d'incomplétude, perspectivisme, radioactivité, inconscient, relativité


  3. Citations importantes :

    • Kant : "Des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles."

    • Hegel : "Ce que l'expérience et l'histoire nous enseignent, c'est que les peuples et les gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, ni agi sur la base des principes qui en sont déduits".

    • Marx : "L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes."

    • William James : "Le vrai consiste simplement dans ce qui est avantageux pour notre pensée."

    • Nietzsche : "Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations"


Tableau de progression des idées :

Période


Courant de pensée

Penseurs clés

Concepts principaux

Fin 18e - Début 19e

Idéalisme transcendantal

Kant

Formes a priori, catégories de l'entendement

Début 19e

Idéalisme absolu

Hegel

Dialectique, Esprit absolu

Mi 19e

Matérialisme historique

Marx

Lutte des classes, idéologie

Mi 19e

Positivisme

Comte

Loi des trois états, hiérarchie des sciences

Fin 19e - Début 20e

Pragmatisme

Peirce, James, Dewey

Vérité comme utilité, expérience

Début 20e

Phénoménologie

Husserl, Heidegger, Sartre

Intentionnalité, être-au-monde

Fin 19e - Début 20e

Logique moderne

Frege, Russell

Logique symbolique, fondements des mathématiques

Début 20e

Philosophie analytique

Wittgenstein

Analyse du langage, jeux de langage

Mi 20e

Limites de la logique

Gödel

Théorème d'incomplétude

Fin 19e - Début 20e

Perspectivisme

Nietzsche

Critique de la vérité absolue

Épisode

Période

Concepts clés

Penseurs majeurs

1

Antiquité

Raison vs Expérience, Dialectique, Formes

Socrate, Platon, Aristote

2

Moyen Âge et Renaissance

Foi et Raison, Humanisme, Empirisme naissant

Saint Augustin, Thomas d'Aquin, Montaigne

3

Traditions non-occidentales

Maya, Dao, Sunyata

Penseurs bouddhistes, taoïstes, hindous

4

Révolution scientifique

Méthode scientifique, Empirisme, Rationalisme

Bacon, Galilée, Descartes, Newton, Locke

5

19ème - début 20ème siècle

Idéalisme, Positivisme, Pragmatisme, Phénoménologie

Kant, Hegel, Comte, James, Husserl, Marx, Nietzsche









Transcript de l'épisode



Salut, c'est Julien. Bienvenue dans ce cinquième épisode de notre série sur la connaissance. Après avoir parcouru l'Antiquité, navigué à travers la Renaissance, exploré les traditions non-occidentales, et plongé dans la révolution scientifique, nous abordons aujourd'hui une période cruciale : les 19ème et début du 20ème siècles. Nous nous rapprochons dangereusement de nos contemporains et, par conséquent, un peu de nous-mêmes.

Cette époque se caractérise par des bouleversements profonds dans notre compréhension du monde et notre conception de la connaissance. Elle foisonne de découvertes scientifiques majeures, de transformations sociales radicales, et d'innovations philosophiques révolutionnaires.

Avant de nous immerger dans les idées des grands penseurs, prenons un moment pour planter le décor.

Le 19ème siècle, c'est l'ère de la révolution industrielle en Europe, un séisme qui va non seulement transformer nos modes de production, mais aussi notre façon de penser. Nous passons d'un monde essentiellement rural et agricole à un univers de machines, de fumée et de villes en expansion. La synergie entre des innovations techniques majeures comme la machine à vapeur et le moteur à explosion, couplée à l'essor des énergies fossiles, provoque une accélération sans précédent de l'histoire. Une partie de l'humanité se dope aux stéroïdes du progrès, et tout s'accélère.

Cette révolution industrielle s’accommpagne d’une révolution de la connaissance. Les nouvelles technologies exigent de nouvelles compétences, de nouvelles façons d'appréhender le monde. La sagesse transmise de génération en génération ne suffit plus quand il faut faire fonctionner une machine ou gérer une usine. On assiste à l'émergence d'un nouveau type de savoir, plus technique, plus spécialisé.

Parallèlement, c'est l'époque de l'expansion coloniale européenne. Les Européens sillonnent le globe, imposant leur vision du monde, mais découvrant aussi d'autres modes de pensée. Ce choc des cultures provoque un élargissement des horizons intellectuels. Le monde semble à la fois se rétrécir et s'agrandir.

Le 19ème siècle voit aussi le renforcement des nationalismes. Les individus se définissent de plus en plus par leur appartenance à une nation, avec sa langue, sa culture, son histoire, parfois imposées de force. Le Risorgimento italien, l'unification de l'Allemagne sous Bismarck, la formation de l'Autriche-Hongrie... autant d'exemples de ce phénomène. Ces mouvements ont un impact considérable sur la production et la transmission du savoir. Des systèmes éducatifs nationaux se mettent en place, souvent au détriment des langues régionales, et on assiste à la construction de mythes nationaux, quitte à déformer l'histoire. Les dogmes nationalistes rivalisent parfois avec la religion.

C'est aussi le siècle de Darwin et de Marx, deux penseurs qui vont révolutionner notre vision du monde et de ses dynamiques. Darwin théorise que les espèces évoluent, remettant en question l'idée d'espèces fixes et immuables. Marx, quant à lui, affirme que l'histoire est mue par des forces économiques et sociales, et non par la volonté des grands hommes ou de Dieu. Ces deux idées auront un impact énorme sur notre façon de concevoir la connaissance, nous rappelant qu'il reste beaucoup à découvrir et que les certitudes du passé méritent d'être réexaminées. On en parle tout à l’heure, et on ne va pas oublier non plus Freud.

Dans ce contexte effervescent, la question de la connaissance prend une importance nouvelle. Comment pouvons-nous appréhender le monde ? Quelles sont les limites de notre savoir ? Quel rôle la science peut-elle jouer dans notre compréhension de la réalité ?

Fidèles à notre approche chronologique, commençons notre voyage en remontant légèrement dans le temps, à la fin du 18ème siècle, avec Emmanuel Kant, un philosophe allemand qui va opérer ce qu'on appelle la "révolution copernicienne" en philosophie.

Kant, véritable poids lourd de la pensée, va tenter de tout remettre à plat en cherchant à réconcilier les différentes écoles de pensée qui se tiraient la bourre depuis en gros l’antiquité. Dans sa "Critique de la raison pure" publiée en 1781, soit pile 200 ans avant ma naissance, ce qui est ici une information tout à fait essentielle vous en conviendrez, Kant propose une nouvelle façon d'envisager la connaissance. Jusqu'alors, on considérait généralement que notre connaissance devait se conformer aux objets. Kant renverse cette perspective : et si c'étaient les objets qui devaient se conformer à notre connaissance ? Hop, Emmanuel ne fait pas du en même temps, il inverse complètement les choses, d’où le nom de révolution copernicienne.

Concrètement, cela signifie que Kant voit notre esprit non pas comme un simple réceptacle passif d'informations, mais comme un acteur qui structure activement notre expérience du monde.

Alors, pour que ce soit plus clair prenons un exemple : quand vous observez votre environnement, vous percevez les objets dans l'espace et dans le temps. Et bien pour Kant, l'espace et le temps ne sont pas des propriétés inhérentes aux choses elles-mêmes, mais des "formes a priori de la sensibilité", des structures que notre esprit impose à notre expérience. Imaginez que votre esprit porte des lunettes spatio-temporelles impossibles à retirer. Tout ce que vous percevez passe nécessairement par ces filtres. Par conséquent, nous ne pouvons jamais connaître les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes (ce que Kant nomme les "noumènes"), mais uniquement telles qu'elles nous apparaissent (les "phénomènes"). Il y a la chose en soi, qui nous échappe, et ce que nous pouvons en percevoir, ce que notre cerveau produit comme image, comme son, etc. Nos sens déforment les noumènes, le vrai réel, pour nous les rendre intelligibles. Cette idée, qui peut sembler abstraite, a des implications profondes. Elle suggère que notre connaissance a des limites fondamentales. Nous ne pouvons pas accéder à la réalité absolue, mais seulement à la réalité telle qu'elle est structurée par notre esprit. Cette conception n'est pas sans rappeler le concept de Maya dans la philosophie hindoue, que nous avons exploré dans notre épisode sur les traditions non-occidentales. De même que Maya voile le Brahman à nos yeux, les formes a priori de Kant nous cachent les noumènes. C’est assez dingue de constater comment des traditions de pensée si éloignées dans l'espace et le temps peuvent aboutir à des conclusions similaires. Mais Kant ne s'arrête pas là, il n’a pas de fil Instagram et a donc beaucoup de temps pour réfléchir à des trucs utiles. Il identifie également ce qu'il appelle les "catégories de l'entendement". Ces catégories sont des concepts fondamentaux comme la causalité, la substance, ou la quantité, qui conditionnent toute expérience possible. Kant affirme que ces catégories ne découlent pas de l'expérience ; au contraire, elles la précèdent et la rendent possible. C'est un peu comme si notre esprit était équipé d'un logiciel préinstallé qui traite les données brutes de nos sens pour créer une expérience cohérente et compréhensible.

La philosophie kantienne marque un tournant majeur dans l'histoire de la pensée. Elle tente de réconcilier le rationalisme et l'empirisme en montrant que la connaissance résulte de l'interaction entre notre raison et notre expérience sensible. Comme le dit Kant lui-même : "Des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles." On pourrait comparer cela à un ordinateur : sans données, il est inutile, et des données sans programme pour les traiter n'ont pas de sens. L'influence de Kant sur la philosophie ultérieure est immense. Ses idées seront reprises, critiquées, développées par de nombreux penseurs.

Parmi eux, Georg Wilhelm Friedrich Hegel occupe une place de choix Hegel, qu'on pourrait qualifier de philosophe du mouvement perpétuel, propose dans sa "Phénoménologie de l'Esprit" publiée en 1807 une vision radicalement nouvelle de la connaissance. Pour lui, la connaissance n'est pas un état figé, mais un processus dynamique. Et ce processus n'est pas seulement individuel, il est historique et collectif. Hegel développe ce qu'on appelle la dialectique, une méthode de pensée qui procède par thèse, antithèse et synthèse. Une idée (la thèse) génère son contraire (l'antithèse), et de leur confrontation émerge une nouvelle idée qui les dépasse tout en les intégrant (la synthèse).

Pour illustrer cette idée comme étant au cœur des dynamiques historiques, considérons l'évolution des droits civiques aux États-Unis.

Au départ, il y a l'esclavage (thèse).

Cette situation engendre son opposé : le mouvement abolitionniste (antithèse).

De leur confrontation émerge une nouvelle situation : l'abolition de l'esclavage, mais avec la persistance de la ségrégation (synthèse).

Ce processus se poursuit avec le mouvement des droits civiques, et ainsi de suite.

Pour Hegel, ce processus dialectique ne se limite pas à la société. C'est le mouvement même de la réalité, qu'il nomme l'Esprit ou l'Absolu. On peut concevoir l'Esprit comme la somme de toute la connaissance et de l'expérience humaine, en constante évolution à travers l'histoire. La dialectique hégélienne n'est pas qu'une méthode de pensée, c'est aussi une description de l'évolution de la réalité elle-même. Selon Hegel, toute idée ou état des choses (thèse) contient en elle-même ses propres contradictions, qui mènent à son opposé (antithèse). De la tension entre ces opposés émerge une nouvelle synthèse, qui dépasse et intègre les deux précédentes. En termes d'épistémologie, cela signifie que la connaissance n'est pas statique, mais en constante évolution. La connaissance, dans cette perspective, n'est rien d'autre que le processus par lequel l'Esprit prend conscience de lui-même à travers l'histoire humaine. Chaque nouvelle découverte, chaque nouvelle théorie, n'est qu'une étape dans ce processus continu de l'Esprit se comprenant lui-même. Cette vision de la connaissance comme processus historique est révolutionnaire. Elle implique que la vérité n'est pas quelque chose de fixe et d'immuable, mais quelque chose qui se développe dans le temps. Elle suggère aussi que la connaissance n'est pas une affaire purement individuelle, mais un processus collectif qui implique toute l'humanité.

Au passage, Hegel est très lucide sur la capacité ou plutot l’incapacité des humains en comprendre cette logique de progression historique et à en faire quelque chose. Pour lui, nous sommes les jouets d’une dynamique qui nous dépasse et qu’on ne comprend pas bien. La connaissance progresse, mais elle continue de nous échapper.

“Ce que l’experience et l’histoire nous enseignent, c’est que les peuples et les gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire, ni agi sur la base des principes qui en sont déduits”. En gros, on n’a pas de mémoire, on repète éternellement les mêmes erreurs, parce qu’on ne fait pas l’effort de bien étudier les causes profondes, qui sont en gros toujours les mêmes.

L'influence de Hegel sur la pensée ultérieure est considérable. Vous me direz, sinon je ne vous en aurais pas parlé. C’est une époque où les grands penseurs se répondent, se complètent, se dépassent, à une vitesse inédite.

Marx va reprendre la méthode dialectique de Hegel, mais en la "remettant sur ses pieds", comme il le dit lui-même histoire de se faire mousser un peu. “Hegel c’est pas mal ton truc, mais je vais faire mieux”.

Là où Hegel voyait l'histoire comme le développement de l'Esprit, du Geist, le monde materiel comme une manifestation de l’esprit, du monde des idées, Marx inverse la perspective. Pour lui, la réalité fondamentale est matérielle, et les idées sont le produit des conditions matérielles d'existence. Idéalisme vs Matérialisme. La dialectique marxiste s'applique aux forces de production et aux relations de production, l’accent est mis sur les conflits économiques et sociaux comme moteurs de l'histoire, la fameuse lutte des classes. Pour comprendre pourquoi on parle toujours de dialiectique, je vais vous donner un exemple simple: le mode de production féodal ( la thèse de départ) génère sa propre contradiction sous la forme de la bourgeoisie montante (antithèse), menant finalement au capitalisme (synthèse).

En termes d'épistémologie, cela signifie que notre connaissance est profondément influencée par notre position dans la structure économique et sociale. Ce que nous pensons savoir est en grande partie déterminé par notre classe sociale et les intérêts économiques qui y sont liés. Ainsi, bien que Marx rejette l'idéalisme de Hegel, il conserve l'idée que la connaissance et la vérité sont des processus historiques en constante évolution. Pour Marx, comprendre le monde, c'est comprendre comment il change et comment nous pouvons participer à ce changement. Si Hegel voyait l'histoire comme le déploiement de l'Esprit, Marx va ancrer cette dialectique dans la matière, inaugurant une approche radicalement nouvelle de la connaissance et de l'histoire. Il nous dit : “L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes.”

Cependant, ces approches avec son ambition totalisante, vont aussi susciter des réactions critiques. L'une des plus importantes vient d'Auguste Comte, le fondateur du positivisme, qui va proposer une approche radicalement différente de la connaissance.

Comte, qu'on pourrait qualifier d'ingénieur de la philosophie, soutient que la seule connaissance valable est celle qui se base sur l'observation des faits et la découverte des lois qui les régissent. Il développe ce qu'il appelle la loi des trois états, selon laquelle la connaissance humaine passe par trois stades : l'état théologique, où les phénomènes sont expliqués par l'action d'êtres surnaturels ; l'état métaphysique, où on fait appel à des entités abstraites ; et enfin l'état positif ou scientifique, où on cherche à découvrir les lois qui régissent les phénomènes observables.

Pour Comte, la tâche de la philosophie n'est plus de spéculer sur la nature ultime de la réalité, mais de synthétiser et d'organiser les connaissances produites par les sciences. Il propose une classification des sciences, allant des plus générales aux plus complexes : mathématiques, astronomie, physique, chimie, biologie, et enfin sociologie (un terme qu'il invente).

Le positivisme influence profondément le développement des sciences sociales au 19ème siècle et au début du 20e siècle le Cercle de Vienne l’étoffe et le développe en positivisme logique, aussi appelé empirisme logique, visait à établir une philosophie scientifique rigoureuse. Je vous épargne ici les détails par soucis de concision et pour garder un peu de salives, mais si ça vous intéresse, foncez. Ca se passe dans les années 1920 du côté de Vienne donc, dans un cercle.

Mais le positivisme suscite aussi des critiques, bah oui, ce serait trop simple.

On lui reproche de réduire la connaissance à ce qui est mesurable et observable, négligeant ainsi des aspects importants de l'expérience humaine. C'est un peu comme si on essayait de comprendre un tableau en analysant uniquement la composition chimique de la peinture, en oubliant l'émotion qu'il suscite.

C'est en partie en réaction à ces limites du positivisme que se développe, à la fin du 19ème siècle, un courant de pensée original outre-Atlantique: le pragmatisme américain.

Le pragmatisme, qu'on pourrait qualifier de philosophie du “do it yourself” "faites-le vous-même", a été développé par des penseurs comme Charles Sanders Peirce, William James et John Dewey. Pour les pragmatistes, la valeur d'une idée ou d'une théorie ne réside pas dans sa correspondance avec une réalité absolue, mais dans ses conséquences pratiques. Après les empiristes chez les anglo-saxons, voici donc les pragmatistes, et on comprend mieux d'où vient cette idée que, pour les Anglais ou les Américains, nous autres Français sommes des idéologues naïfs.

William James résume cette approche pratique dans une formule célèbre : "Le vrai consiste simplement dans ce qui est avantageux pour notre pensée." Cela ne signifie pas que toute idée utile est vraie, mais plutôt que la vérité d'une idée se manifeste dans sa capacité à nous aider à naviguer dans le monde et à résoudre des problèmes.

Prenons un exemple concret. La théorie de l'évolution de Darwin est considérée comme "vraie" par les pragmatistes, non pas parce qu'elle correspond à une réalité absolue, mais parce qu'elle nous permet de comprendre et de prédire de nombreux phénomènes biologiques. Elle "fonctionne" comme outil de pensée et de recherche.

Cette approche de la connaissance a des implications importantes. Elle suggère que la connaissance n'est pas une simple représentation passive de la réalité, mais un outil actif pour interagir avec le monde. On doit pouvoir en faire quelque chose, sinon, c'est du vent. Elle implique aussi que la connaissance est toujours provisoire et sujette à révision à la lumière de nouvelles expériences.

Au passage, cela rappelle un peu le concept de wu wei dans le taoïsme. Tout comme le wu wei nous invite à agir en harmonie avec le flux naturel des choses, le pragmatisme nous invite à voir la connaissance comme un outil pour interagir efficacement avec le monde.

Le pragmatisme a eu une portée considérable, particulièrement aux États-Unis. Il a influencé non seulement la philosophie, mais aussi la pédagogie (avec Dewey), la psychologie (avec James), et même la politique américaine. On peut voir son influence jusque dans la culture populaire américaine, avec son accent sur le "can-do attitude" et la résolution pratique des problèmes.

Parallèlement à ces développements, une autre approche apparaît en Europe : la phénoménologie.

La phénoménologie, qu'on pourrait qualifier de "retour aux sources", a été initialement développée par Edmund Husserl au début du 20ème siècle. Elle propose de revenir "aux choses mêmes", c'est-à-dire à l'expérience vécue avant toute théorisation. Pour Husserl, notre connaissance du monde est toujours médiatisée par notre conscience. La tâche de la phénoménologie est de décrire précisément comment les choses nous apparaissent dans l'expérience.

Prenons un exemple concret. Quand vous regardez un verre de vin, vous ne percevez pas simplement un objet physique. Vous percevez quelque chose qui a un sens pour vous, qui s'inscrit dans un réseau de significations (un dîner agréable entre amis, une gueule de bois, le besoin de s'évader, le rituel du matin, etc.). La phénoménologie cherche à décrire cette expérience vécue dans toute sa richesse.

Cette approche a des implications importantes pour notre compréhension de la connaissance. Elle suggère que notre connaissance du monde est toujours située, toujours liée à notre manière d'être-au-monde. Elle remet en question l'idée d'une connaissance purement objective, détachée de toute perspective.

La phénoménologie, initiée par Husserl, a connu des développements majeurs avec des penseurs comme Martin Heidegger, Jean-Paul Sartre et Maurice Merleau-Ponty. Je vous en dis deux mots.

Heidegger, dans "Être et Temps", a poussé la réflexion phénoménologique dans une direction ontologique, c’est à dire dans le sens d’une reflexion sur l’existence. Il a développé le concept d'"être-au-monde", suggérant que notre existence et notre compréhension sont fondamentalement ancrées dans notre engagement pratique avec le monde. Pour Heidegger, la connaissance n'est pas une simple contemplation détachée, mais émerge de notre manière d'être et d'agir. Il remet en question les distinctions traditionnelles entre sujet et objet. Autrement dit, notre compréhension des choses est toujours contextuelle et liée à notre façon d'être-au-monde. Nous même sommes le premier des contextes auquel on ne peut pas échapper. Ca parait assez logique quand on y pense, mais encore fallait-il y penser me direz-vous.

Sartre, quant à lui, a appliqué la méthode phénoménologique à l'étude de la conscience et de la liberté humaine. Dans "L'Être et le Néant", il explore comment notre conscience donne sens au monde et comment notre liberté se manifeste dans nos choix et nos actions. Pour Sartre, la connaissance est inextricablement liée à notre liberté et à notre responsabilité.

Merleau-Ponty a lui mis l'accent sur le rôle du corps dans notre expérience et notre connaissance du monde. Dans sa "Phénoménologie de la Perception", il argue que notre corps n'est pas simplement un objet dans le monde, mais le moyen même par lequel nous percevons et comprenons le monde. Cette perspective a des implications profondes pour notre compréhension de la connaissance, suggérant qu'elle est toujours incarnée et située.

On pourrait voir ici un parallèle avec certaines approches méditatives dans les traditions bouddhistes et hindoues, qui mettent l'accent sur l'observation attentive de l'expérience immédiate. C'est un peu comme si la phénoménologie nous invitait à méditer sur notre expérience du monde, à la regarder avec des yeux neufs.

La phénoménologie va inspirer tout un pan de la philosophie du 20ème siècle, influençant des domaines aussi variés que la psychologie, l'architecture, et même la critique littéraire.

Revenons un peu en arrière

Au 19ème siècle, une autre révolution s'opère également dans la logique et la philosophie des mathématiques. On se rend compte que nos fondements logiques et mathématiques, hérités en grande partie d'Aristote, ne sont plus suffisants pour répondre aux questions complexes que pose la science moderne. La question centrale devient : comment pouvons-nous être sûrs que nos raisonnements mathématiques et logiques sont vraiment solides ? Et plus largement, comment le langage que nous utilisons influence-t-il notre pensée et notre compréhension du monde ?

Gottlob Frege est le premier à s'attaquer à ce problème. Il développe ce qu'on appelle la logique moderne ou logique symbolique. Son innovation majeure est l'introduction de quantificateurs et de variables, qui permettent d'exprimer des idées complexes avec une précision sans précédent. Prenons un exemple concret : la phrase "Tous les hommes sont mortels". Dans la logique traditionnelle, c'était difficile à formaliser. Mais avec la logique de Frege, on peut l'écrire comme "Pour tout x, si x est un homme, alors x est mortel". Cette formalisation permet d'analyser et de manipuler des raisonnements complexes avec une rigueur nouvelle.

Bertrand Russell pousse cette idée encore plus loin. Dans ses "Principia Mathematica", il tente de montrer que toutes les mathématiques peuvent être dérivées de la logique. C'est une tentative de donner aux mathématiques, et par extension à toute connaissance qui s'appuie sur elles, des fondations inébranlables. Par exemple, Russell montre comment on peut définir le nombre 2 uniquement en termes logiques, sans faire appel à aucune intuition mathématique. Je vous épargne le détail, mais c'est comme si on construisait tout l'édifice des mathématiques à partir de briques logiques élémentaires. Pour l'épistémologie, c'est capital : si Russell a raison, nous aurions une base solide pour construire notre connaissance du monde.

Ces travaux ouvrent la voie à la philosophie analytique, qui va dominer la pensée anglo-saxonne au 20ème siècle. L'idée centrale ? De nombreux problèmes philosophiques peuvent être résolus (ou dissous) par une analyse rigoureuse du langage et des concepts. Par exemple, au lieu de se demander "Qu'est-ce que la justice ?", on pourrait analyser comment nous utilisons le mot "juste" dans différents contextes. Cette approche change radicalement notre façon d'aborder les questions philosophiques et, par extension, notre compréhension de la connaissance elle-même.

Ludwig Wittgenstein poursuit cette réflexion sur le langage.

Wittgenstein affirme dans un premier temps que les limites de notre langage sont les limites de notre monde. Plus tard, il développe l'idée que le sens des mots réside dans leur usage.

Prenons l'exemple du mot "jeu". Wittgenstein montre qu'il n'y a pas une définition unique qui englobe tous les jeux, mais plutôt un "air de famille" entre différentes activités que nous appelons jeux. Cette idée a des implications profondes pour l'épistémologie : elle suggère que nos connaissances sont profondément façonnées par le langage que nous utilisons, et que la quête de définitions précises et universelles peut être trompeuse.

Donc tout ce beau monde est en quête de certitude logique et ça progresse bien. Jusqu’au grain de sable Kurt Gödel avec son théorème d'incomplétude, publié en 1931

Godel démontre qu'il existe des limites fondamentales à ce que nous pouvons prouver, même en mathématiques. Concrètement, Gödel montre que dans tout système mathématique suffisamment complexe pour inclure l'arithmétique, il y aura toujours des énoncés vrais qui ne peuvent pas être prouvés à l'intérieur de ce système. C'est comme si, même dans le domaine le plus rigoureux de la pensée humaine, il restait toujours une part d'incertitude irréductible.

Les implications philosophiques du théorème de Gödel sont considérables. Il suggère qu'il y aura toujours des vérités mathématiques qui échappent à notre capacité de preuve formelle, remettant en question l'idée d'une connaissance mathématique complète et définitive. Certains ont même étendu ces implications au-delà des mathématiques, arguant qu'elles pointent vers des limites fondamentales de la connaissance humaine en général.

Ces développements en logique et en philosophie du langage ont profondément transformé notre compréhension de la connaissance. Ils nous ont donné de nouveaux outils pour analyser nos raisonnements, mais nous ont aussi montré les limites inhérentes à nos systèmes de pensée. La quête de certitude absolue s'est révélée illusoire, mais on gagné une compréhension plus fine et plus nuancée de la nature de la connaissance.

Il est important de noter que tous ces développements philosophiques se produisent dans un contexte de bouleversements scientifiques majeurs. C'est comme si la science et la philosophie dansaient un tango, chacune influençant et étant influencée par l'autre.

La théorie de l'évolution de Darwin, publiée en 1859, remet en question notre place dans la nature et notre compréhension de l'histoire de la vie. Elle soulève des questions profondes sur le rôle du hasard et de la nécessité dans le développement de la connaissance. Imaginez le choc : on passe d'un monde créé par Dieu en six jours à un monde qui évolue sur des millions d'années par un processus de sélection naturelle. C'est un véritable séisme intellectuel.

Dans cette période de bouleversements scientifiques, une figure emblématique émerge : Marie Curie. Ses travaux sur la radioactivité, menés avec son mari Pierre Curie, vont non seulement révolutionner la physique et la chimie, mais aussi notre compréhension même de ce que nous pouvons connaître. En 1898, Marie Curie découvre deux nouveaux éléments : le polonium et le radium. Ces éléments ont la particularité d'émettre spontanément des rayonnements, un phénomène qu'elle nomme 'radioactivité'. Cette découverte est capitale pour l'épistémologie car elle révèle l'existence de processus invisibles à l'œil nu, mais néanmoins réels et mesurables. La radioactivité remet en question notre conception de la matière comme stable et immuable. Elle montre que des transformations profondes peuvent se produire au cœur même des atomes, sans intervention extérieure visible. C'est un peu comme si on découvrait soudain que les meubles de notre maison se déplaçaient tout seuls pendant la nuit ! Cette découverte soulève à nouveau et de manière très concrète des questions classiques : comment pouvons-nous connaître ce qui échappe à nos sens ? Quelle est la nature de la réalité si des phénomènes invisibles peuvent avoir des effets si puissants sur le monde visible ?

Les travaux de Marie Curie illustrent aussi l'importance de l'instrumentation dans l'avancement de la connaissance. C'est grâce à des appareils de mesure sensibles qu'elle a pu détecter et quantifier la radioactivité. Cela nous rappelle que notre connaissance du monde est intimement liée à notre capacité technique à l'observer et le mesurer. Nos sens limités peuvent être étendus grâce à la technologie.

Enfin, le parcours de Marie Curie, première femme à recevoir un prix Nobel et seule personne à l’époque à en recevoir deux dans des disciplines différentes, met en lumière la question du genre dans la production du savoir. Dans un monde scientifique largement dominé par les hommes, ses réussites exceptionnelles ont ouvert la voie à une réflexion sur la place des femmes dans la science et sur la façon dont les préjugés de genre peuvent limiter notre compréhension collective du monde.

En psychologie, les travaux de Freud sur l'inconscient remettent en question l'idée d'un sujet connaissant pleinement transparent à lui-même. Ils suggèrent que notre connaissance de nous-mêmes et du monde est toujours partielle et potentiellement déformée par des forces psychiques dont nous n'avons pas conscience. "Vous pensiez vous connaître ? Et bien non, il y a tout un monde sous la surface de votre conscience qui vous échappe et qui pourtant fait que vous êtes qui vous êtes, qui influe sur vos choix...

Au début du 20e siècle, les développements en physique, avec la théorie de la relativité d'Einstein et les débuts de la mécanique quantique, vont ébranler nos conceptions classiques de l'espace, du temps et de la causalité. Ces théories posent de nouveaux défis à notre compréhension de ce que signifie "connaître" le monde physique. C'est un peu comme si on nous disait : "Tout ce que vous pensiez savoir sur l'espace et le temps ? Oubliez ça, c'est beaucoup plus bizarre que vous ne le pensiez."

Ces développements vont évidemment avoir des répercussions sur la réflexion philosophique. Ils vont nourrir de nouveaux débats sur la nature de la réalité, les limites de notre connaissance, et le rôle de la science dans notre compréhension des choses du monde.

Par ailleurs, le 19ème siècle voit aussi l'émergence de nouvelles approches critiques de la connaissance, notamment à travers les travaux de Karl Marx et Friedrich Nietzsche. Ces penseurs vont en quelque sorte nous inviter à regarder derrière le rideau de la connaissance.

Je reviens un peu sur Marx pour préciser les choses. Dans sa critique de l'économie politique, il développe l'idée que notre connaissance est profondément influencée par notre position dans la structure sociale et économique. Ce qu'il appelle l'idéologie n'est pas simplement une illusion, mais une forme de connaissance déformée par les intérêts de classe. En gros, si on est élevé dans un milieu riche, on a accès à une culture de riche et aux idées qui vont avec, on baigne dedans et donc inévitablement on finit par avoir des idées, des opinions, une vision du monde de riche. Et pareil si on est pauvre, ouvrier, paysan, il est difficile d'échapper à ça et de développer une connaissance ne correspondant pas à la classe dans laquelle on évolue. Cette approche ouvre la voie à une compréhension sociale et politique de la connaissance. Marx nous dit : "Attention, vos idées ne tombent pas du ciel, elles sont façonnées par votre place dans la société." On ne pense jamais uniquement par soi-même et ce qu'on connaît est limité par notre expérience physique, sociale et idéologique, et donc selon Marx, totalement conditionnée par notre expérience de classe qui est pour lui le cadre majeur.

Friedrich Nietzsche, de son côté, développe une critique radicale de la notion de vérité. Il nous dit que ce que nous appelons "vérité" n'est souvent qu'une illusion utile, une interprétation du monde qui sert certains intérêts vitaux.

Sa célèbre phrase "Il n'y a pas de faits, seulement des interprétations" résume bien cette approche. Nietzsche nous invite à une forme de perspectivisme : c'est-à-dire qu'il n'y a pas de point de vue absolu sur la réalité, mais seulement une multiplicité de perspectives. La vérité ? C'est juste une histoire qu'on se raconte pour donner un sens au monde. C'est une vue de l'esprit et chacun a la sienne, celle qui l'arrange. Evidemment je simplifie pour vulgariser la pensée de Friedrich, qui derrière sa grosse moustache était parfois un peu compliquée à suivre.

Ces approches critiques vont avoir une grande influence sur la pensée du 20ème siècle, notamment à travers le développement de la théorie critique et du post-structuralisme dont on parlera plus tard, histoire de tout complexifier encore plus.

Je voudrais dire deux mots sur la manière dont les transformations dans notre compréhension de la connaissance dont on vient de parler très succinctement ont eu des répercussions profondes sur la société et la culture.

L'approche scientifique et positiviste a influencé de nombreux domaines au-delà des sciences naturelles. En politique et en économie, par exemple, on a vu émerger des tentatives d'appliquer des méthodes "scientifiques" à la gestion de la société. Cela a conduit à l'essor de disciplines comme la sociologie, l'économétrie et la science politique moderne.

Cependant, cette "scientifisation" de la société a aussi suscité des critiques. Les approches plus humanistes, inspirées par la phénoménologie ou l'existentialisme, ont mis en garde contre une vision trop mécaniste de l'être humain et de la société. Ces tensions se reflètent dans les débats sur l'éducation, la santé mentale, ou encore la gestion des organisations.

Les idées de Marx sur la connaissance comme produit social ont alimenté des mouvements politiques et sociaux visant à transformer la société. Elles ont aussi influencé le développement de la sociologie de la connaissance et des études culturelles, qui examinent comment le savoir est produit et distribué dans différents contextes sociaux.

La critique nietzschéenne de la vérité a eu un impact profond sur la culture, particulièrement dans les arts et la littérature. Elle a contribué à l'émergence du modernisme et du postmodernisme, remettant en question les grands récits et les vérités établies.

Dans le domaine de la psychologie et de la santé mentale, les idées de Freud sur l'inconscient ont transformé notre compréhension de l'esprit humain et ont conduit à de nouvelles approches thérapeutiques. Elles ont aussi influencé la culture populaire, introduisant des concepts comme le "subconscient" ou le "refoulement" dans le langage courant.

Les avancées en logique et en philosophie du langage ont eu des répercussions importantes dans le domaine de l'informatique et de l'intelligence artificielle. Les travaux de Frege, Russell et d'autres ont jeté les bases conceptuelles pour le développement des langages de programmation et des systèmes de traitement de l'information.

Enfin, les révolutions scientifiques comme la théorie de la relativité et la mécanique quantique ont profondément modifié notre vision du monde. Elles ont remis en question des notions fondamentales comme le temps, l'espace et la causalité, influençant non seulement la science mais aussi la philosophie, les arts et la culture populaire.

Ces développements illustrent comment les transformations dans notre compréhension de la connaissance ne restent pas confinées au domaine académique, mais façonnent profondément notre société et notre culture. Ils soulignent l'importance cruciale de l'épistémologie pour comprendre non seulement comment nous connaissons, mais aussi comment nous vivons et organisons nos sociétés.

En conclusion, les 19ème et début du 20ème siècles ont profondément transformé notre compréhension de la connaissance. Cette période a vu émerger une diversité d'approches, chacune apportant un éclairage unique sur la façon dont nous appréhendons le monde. Cependant, il est crucial de reconnaître que toutes ces approches ne se valent pas en termes d'efficacité pratique. La méthode scientifique, avec son accent sur l'observation empirique, l'expérimentation et la réfutabilité, s'est révélée particulièrement puissante pour construire des connaissances fiables et applicables. Contrairement aux dogmes, elle offre un cadre méthodologique permettant d'établir un socle commun de connaissances, vérifiable et révisable par tous. Néanmoins, cette reconnaissance de la puissance de la science ne diminue pas la valeur d'autres formes de connaissance dans leurs domaines respectifs. La philosophie, l'art, ou les savoirs traditionnels offrent des perspectives précieuses sur l'expérience humaine que la science ne peut pas toujours capturer. Cette diversification de notre compréhension de la connaissance a multiplié nos questionnements. La simple question "Que pouvons-nous connaître ?" s'est ramifiée en de nombreuses interrogations plus spécifiques : Comment notre esprit structure-t-il notre expérience ? Quel est le rôle précis de la science dans notre compréhension du monde ? Comment nos idées interagissent-elles avec la réalité pratique ? Quelle est l'influence de notre expérience vécue sur notre connaissance ? Et comment le langage et la logique façonnent-ils notre pensée ? Ces questions, loin d'être de simples exercices intellectuels, ont des implications profondes sur notre façon de vivre et d'organiser nos sociétés. Elles nous invitent à rester critiques, ouverts d'esprit, tout en valorisant la rigueur et l'efficacité de la démarche scientifique.

Dans notre prochain épisode, nous examinerons comment ces idées ont été développées, critiquées et transformées au cours du 20ème siècle, et comment de nouveaux défis à notre compréhension de la connaissance ont émergé avec les développements scientifiques et technologiques récents. On développera notamment la relativité, la quantique, les manipulations et la confusion jusqu’à cette post-vérité qui caractérise notre époque confuse.

Merci de m'avoir écouté, comme toujours, vous pouvez retrouver le transcript complet, et les notes détaillées sur sismique.fr. Ca fait beaucoup d’info à digérer, et ça peut donc être utile d’avoir le résumé des idées clés.

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Je vous dis à très vite pour la suite de notre voyage.

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